Sébastien Lapaque n’est pas un écrivain comme les autres, mais plutôt une bouilloire prête à exploser, voire, osons-le, un volcan en éruption dont les lecteurs recueillent avec délectation la mirifique lave. Un esprit original, un génie encore méconnu et, en plus de ça, un avatar de Georges Bernanos, son modèle, encore qu’on a le sentiment qu’il a, lui, tout lu, tout bu. Il le prouve encore dans Échec et mat au paradis, un récit ébouriffant, étourdissant, qui vous laisse KO debout.
Si vous aimez les talents hors du commun, ne passez pas votre chemin : ce livre est fait pour vous. II met en scène deux grands auteurs du XXe siècle qui se sont rencontrés en Amérique du Sud dans les premières semaines de 1942 : le plus lu dans le monde, Stefan Zweig, Juif autrichien agnostique, et le plus iconoclaste, Georges Bernanos, catholique mystique antinazi, ancien antisémite, tous deux exilés au Brésil alors que le IIIe Reich dévastait l’Europe. Que se sont-ils dit ? « Au terme d’un quart de siècle d’enquête, dit Lapaque, je n’en sais presque rien. J’ai donc tout inventé. »
Brésil, seconde patrie
Dieu merci, Échec et mat au paradis n’est pas un de ces petits romans vite faits, vite lus, « inspirés-d’une-histoire-vraie », qui prolifèrent en cette saison comme les champignons sous les pluies d’automne. Au terme d’un travail colossal, c’est le livre d’une vie, que dis-je, de trois vies, celles de Zweig, de Bernanos et de Lapaque. À l’heure où le fascisme revient par l’extrême gauche, ce sont des sujets toujours d’actualité qu’agite l’auteur, sur fond de Brésil, sa seconde patrie.
Malgré les apparences, Stefan Zweig et Georges Bernanos ont beaucoup de points communs, à commencer par leur amour des cafés populaires ou des brasseries à la mode. Tandis que le Juif humaniste se demande si, après les victoires de Hitler, la vie vaut la peine d’être vécue, le catholique errant croit à l’honneur comme à l’espérance, mais tous deux ont, dans ce Brésil doux et pacifique, la même boule au ventre quand ils évoquent l’avenir de l’Europe, les lâchetés des démocraties, la corruption par le mensonge.
L’Histoire est-elle en train de bégayer ? Des deux géants de la littérature, c’est Zweig le plus triste et le plus pessimiste, à qui Sébastien Lapaque fait dire : « Le passé que j’ai tant aimé ne nous sera pas rendu. » Peu après, le 23 février 1942, l’écrivain autrichien et sa jeune épouse, Lotte, se sont officiellement suicidés à Petropolis, au Brésil.
« Échec et mat au paradis », de Sébastien Lapaque (Actes Sud, 336 p., 22,50 €).
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