Si les îles sont nombreuses à s’égrener tout au long de la Garonne et de l’estuaire de la Gironde, peu d’entre elles sont accessibles. Parmi elles, l’île d’Arcins, celle que l’on aperçoit en franchissant le pont François-Mitterrand, a la particularité d’être la plus proche du cœur de ville de Bordeaux, à 6 kilomètres de la place de la Bourse et à dix minutes du pont de pierre.
Si les îles sont nombreuses à s’égrener tout au long de la Garonne et de l’estuaire de la Gironde, peu d’entre elles sont accessibles. Parmi elles, l’île d’Arcins, celle que l’on aperçoit en franchissant le pont François-Mitterrand, a la particularité d’être la plus proche du cœur de ville de Bordeaux, à 6 kilomètres de la place de la Bourse et à dix minutes du pont de pierre.
Une terre agricole ancestrale
Située sur le fleuve entre Latresne (rive droite) et Bègles (rive gauche), cette langue de terre à la forme allongée d’un ballon de rugby, s’étire sur 2 kilomètres et s’étale sur 37 hectares. L’étymologie de son nom est discutée. Arcins pourrait venir du patronyme « Arcinius » ou du nom d’un certain Chevalier d’Ars, qui aurait vécu à l’époque où l’actuelle commune d’Arcins dans le Médoc, située sur la rive gauche de l’estuaire de la Gironde, abritait une commanderie de l’Ordre de Malte, en 1300.
L’« Isle d’Arseins » ou encore l’« île de l’Œil de bœuf »
Aucun château fort, demeure exceptionnelle ou haut fait historique n’a pimenté le passé de l’île. Sa richesse, c’est la nature. Apparue dans les écrits historiques dès le XVIe siècle comme domaine royal, elle fut de tout temps un lieu où le travail de la terre était roi. Le premier acte de vente connu de l’île date de 1763 et cite comme propriétaire le sieur Pierre Dublan. À l’époque, elle est nommée l’« Isle d’Arseins » ou encore l’« île de l’Œil de bœuf ».
50 ans de recherches de l’Inra
Jusqu’à la Seconde Guerre mondiale et à son rachat, en 1955, par l’Institut national de la recherche agronomique (Inra) en 1955, l’île Arcins reste une exploitation agricole tout à fait classique. Son unique vestige est, au centre de l’île, la cour pavée d’une demeure en pierres, dite le « château », rasée par l’Inra pour installer ses propres bâtiments, afin de mener ses expérimentations sur les anciennes terres viticoles du domaine.
Pendant toute la seconde moitié du XXe siècle, c’est là qu’on a étudié les variétés et différents croisements possibles, afin d’augmenter la qualité et la production des fruits à noyau ou à pépins, mais aussi les conditions de l’acclimatation des végétaux venus de l’étranger. Les nouvelles ressources biologiques importées par l’Inra étaient mises en quarantaine sur l’île d’Arcins à leur arrivée en France avant exploitation. À titre d’exemple, c’est ici qu’ont été acclimatés les kiwis que nous mangeons et qui sont produits dans le Sud-Ouest.
Pourquoi avoir choisi cette île plutôt qu’un autre endroit ? Le lieu réunit les conditions idéales pour la recherche agronomique. Il a l’avantage d’être naturellement isolé et protégé des yeux trop curieux, et puis il y fait 2 degrés de plus que sur la terre ferme. Il n’y gèle donc pratiquement jamais et, depuis toujours, les variétés végétales y apparaissent, s’y renouvellent et y prospèrent.
Rachetée en 2002 pour en faire un paradis de verdure
La tempête de 1999 met fin à cinquante ans d’expérimentations de l’Inra. Le montant des réparations des importants dégâts subis par l’île est jugé trop lourd par l’Institut national. Sa direction décide de s’en séparer et de la mettre en vente. Aucune collectivité ne souhaite alors l’acquérir. Seuls des privés se présentent. L’un pour y installer une station de traitement de mâchefer, un autre y creuser une gravière… L’Inra préfère le vendre en 2002 à Patrice Benghiati, un investisseur qui, lui, promettait de préserver la richesse de la biodiversité des lieux et d’en faire une sorte de parc naturel.
Quand il rachète l’Île d’Arcins pour 2 millions de francs, celui qui vient de l’île Rousse ne l’avait pas visitée. Le vert paradis ne le déçoit pas : kiwis, pommiers, figuiers s’y sont développés à profusion, malgré l’absence d’entretien, pour la plus grande joie de la faune locale, oiseaux, biches, renards… Mais, pour l’heureux propriétaire, les ennuis commencent.
Du rêve au cauchemar
Patrice Benghiati va devoir batailler pendant dix ans et investir beaucoup d’argent pour tenir sa promesse de faire de l’île un paradis vert ouvert à tous, viable et accessible au public, avec guinguette, parcours de promenade et de VTT. « Depuis que je l’ai, j’ai dépensé plus de 4 millions d’euros «, explique-t-il dans les colonnes de « Sud Ouest » en mars 2011, lors de l’ouverture d’Arcins aux promeneurs amoureux de nature et d’évasion, en étroite collaboration avec l’association Océan, qui diffuse ses connaissances dans le domaine des sciences et de l’histoire de l’environnement.
La tempête de 1999 avait créé une brèche dans les digues, menaçant d’emporter l’île par l’intérieur. Après des travaux de confortement, il a dû faire construire deux pontons pour y accéder par bateau – un de chaque côté de l’île – mais aussi faire installer l’eau courante, l’électricité, le gaz de ville et le réseau Internet, et enfin, venir à bout de quantité d’aléas administratifs.
Revendue à Bordeaux Métropole
Riche de centaines d’essences de plantes et accueillant de nombreux oiseaux migrateurs, ce havre de nature s’est finalement avéré trop lourd pour Patrice Benghiati. En 2021, usé par vingt ans passés au chevet de l’île, le septuagénaire confiait à « Sud Ouest » qu’il était prêt à vendre. À Bordeaux Métropole, pourquoi pas. En 2019, il avait pratiquement convaincu son ex-président Alain Juppé, mais ce dernier était parti au Conseil constitutionnel. Et puis, encore fallait-il trouver un terrain d’entente pour le prix. Cinq ans après, c’est chose faite : Bordeaux Métropole va racheter à Patrice Benghiati l’île d’Arcins, afin d’y développer la biodiversité et les activités en nature. Le lieu conservera une vocation naturelle et pédagogique et ne devrait être ouvert au public que « quelques mois » dans l’année.
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