Au cœur des émeutes qui touchent la Nouvelle-Calédonie depuis une semaine, un Montargois d’origine témoigne depuis Nouméa.
Depuis lundi 13 mai, la Nouvelle-Calédonie est en proie à une vague de violences. La réforme du corps électoral, votée à Paris, a provoqué la colère des indépendantistes. Six personnes ont perdu la vie.
David Gannat, originaire du Montargois, où une partie de sa famille réside, est aux premières loges des événements, qu’il qualifie de « guerre civile ». L’homme âgé de 53 ans, responsable de développement commercial dans la monétique et le data center, s’est installé à Nouméa avec sa compagne il y a deux ans. « Quand je suis arrivé, on m’a dit “Vous allez voir, c’est le pays du vivre-ensemble.” Ils avaient mis presque trente ans à le construire. »
Pharmacies, commerces, écoles incendiés
Durant deux années, il a cohabité avec les Kanaks – « on s’échangeait des sourires, se disait bonjour », avant le revirement du début de semaine.
« Lundi soir, on a senti une nette différence. Ils commençaient à lancer des insultes aux Français, à lancer des cailloux sur les voitures. Tout a basculé dans la nuit de lundi à mardi. Ils ont mis le feu aux entreprises, aux boutiques. »
David Gannat
Des supermarchés, pharmacies, habitations ou encore établissements scolaires ont été incendiés. « On a tous été surpris, on ne s’attendait pas à ça. À partir de mercredi matin, des milices ont commencé à se former pour empêcher les Kanaks d’attaquer les maisons », témoigne David Gannat, parfois interrompu par des bruits d’explosion.
« Il faut compter une ou deux heures de queue pour prendre du ravitaillement, il n’y a plus rien, poursuit-il. Des chips, c’est à peu près tout ce qui reste. On entend des situations alarmantes, des gens dans la détresse, qui n’ont vraiment plus rien à manger. »
« Ils ressentent ce qu’il s’est passé dans les années 80 »
Les émeutes compliquent également l’accès aux soins. Le principal hôpital du pays est presque inaccessible en raison des routes bloquées. « Ils commencent à manquer de médicaments. Il faut qu’on soit vigilant et espérer ne surtout pas avoir à aller à l’hôpital », confie David Gannat.
Un couvre-feu a été instauré sur l’île. Les Calédoniens sont tenus de rester chez eux à partir de 18 heures.
« Ils ressentent un peu ce qu’il s’est passé dans les années 80, quand beaucoup se sont fait virer de chez eux et ont tout perdu. Je sens vraiment la peur chez les gens. C’est un peu l’ambiance Covid, avec, en plus, la crainte qu’ils viennent foutre le feu à la maison ou l’appartement. »
Même si la tension semble retomber depuis deux jours, à en croire le quinquagénaire, l’avenir de l’archipel français reste incertain. « On est tous inquiets pour l’après. Comment on va se relever ? Quand ? C’est des questions qu’on se pose. Ce qu’ils veulent, c’est qu’on se tire. Et je vais être honnête, on s’est posé la question. »
Quitter le « Caillou » a effleuré l’esprit du couple, qui n’y avait encore jamais songé. « Ici, c’est un petit paradis. Des plages, des couleurs magnifiques, des gens adorables. On est passé du paradis à l’enfer en une journée. »
Élodie Pradel
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