Lolita Chammah : une ode à la vie et au paradis

«J’ai regardé la nuit tomber », raconte son histoire, celle d’une femme qui perd les eaux à 5 mois de grossesse et se voit projetée à des années-lumière de ce qu’elle imaginait d’une grossesse à risque. Douze jours après sa naissance, Kolia s’éteint dans les bras de sa mère. Meurtri, son fils Gabriel, 11 ans au moment du drame, va éclairer son chemin, ainsi que ses proches, le corps médical et les invisibles, comme elle les nomme. « Ma façon de rester en vie, c’est d’en parler, le dire. C’est presque un acte politique », écrit l’actrice qui évoque « cette déchirure maternelle si puissante et organique. »

Traverser le deuil

D’ordinaire cachée derrière les mots des autres, elle livre un récit de résilience empreint de poésie. Comme un symbole, son œuvre débute avec quelques lignes d’Emily Dickinson. Quatre ans auparavant, elle jouait au théâtre « La visite », d’Anne Berest, un monologue sur la maternité, le fait d’être mère tout en gérant ses émotions et les diktats de la société. Aujourd’hui, son destin la pousse à explorer ces thèmes de manière plus intime. Avec pudeur, la quadragénaire ressent une nécessité vitale de partager cette épreuve, du deuil jusqu’à l’espoir.   

Son livre n’est pas seulement une ode à la vie et au paradis, c’est aussi un cri du cœur sur la condition des femmes. « Je l’écris sans sarcasme, mais la société vous demande de tenir debout », constate-t-elle. En mettant en lumière le deuil périnatal, Lolita Chammah offre une voix puissante et nécessaire à un sujet encore tabou.