Voilà des années que les canidés ont remplacé les ruminants sur ces 5 hectares coincés entre Frégeneuil et le Nil. Le terrain s’est imposé comme le seul endroit de la ville où une tolérance tacite autorise la promenade sans…
Voilà des années que les canidés ont remplacé les ruminants sur ces 5 hectares coincés entre Frégeneuil et le Nil. Le terrain s’est imposé comme le seul endroit de la ville où une tolérance tacite autorise la promenade sans laisse. Un havre de liberté pour chiens et maîtres.
Jusqu’à une vingtaine d’animaux batifolent dans l’herbe en dehors des heures de bureau. « L’éducateur canin nous a conseillé de venir ici car les gens lâchent leurs chiens, confie Maëlle Cuvelier, 22 ans. Utah est jeune, elle ne voit pas trop de monde. Pour la sociabilisation, c’est pas mal. » Non loin, le malinois de cinq mois cavale après une balle. Laetitia Lepitre, habituée des lieux et propriétaire de Louko, un lévrier espagnol, abonde : « Ça donne des chiens bien dans leurs pattes, pas agressifs. »
Ça donne des chiens bien dans leurs pattes, pas agressifs.
Des bagarres éclatent parfois. « Mais je n’ai jamais vu rien de grave », souligne Marie-Lou Bovedes. Elle est bien placée pour le savoir. Astro, son ariégeois de deux ans et demi, est un voleur de baballes. « Mais c’est pour jouer. » Cela lui a quand même valu une altercation avec une autre promeneuse. « Il y a des cons qui ont des chiens cons », la soutient Laëtitia Lepitre. Surtout aux beaux jours. « En hiver, il y a les maîtres les plus investis », observe Marie-Lou Bovedes.
« Il y a même des couples qui se forment »
L’esprit de famille qui baigne la prairie efface ces anicroches. Mélanie Beaugard et Oscar, son compagnon de cinq ans à la dégaine de Pollux, fréquentent l’île trois fois par jour. Cette art-thérapeute de 50 ans a déménagé à Angoulême au mois de février. Ici, elle a trouvé plus qu’un terrain de jeu. « Il y a une vraie convivialité, une bienveillance. J’ai fait des connaissances éclectiques, de la personne âgée au jeune de Basseau. Il y a même des couples qui se forment. »
La passion commune pour les Médors facilite les échanges. Marie-Lou Bovedes et Laëtitia Lepitre ont noué une amitié par ce biais. « Il y a un groupe Facebook dédié à la balade de chiens, rembobine la première. On avait des chiots, on se donnait rendez-vous pour qu’ils courent ensemble. » La seconde embraye : « On connaît tous les chiens ici. » Aurélien Triger et sa compagne Juliette connaissent la chanson. « Simone est plus connue que nous », se marre le maître de ce staffy ultra-sociable.
Et les relations avec les non-propriétaires ? Certains joggeurs, effrayés par les crocs, évitent la zone. Avec les autres, c’est au poil. Serge Charbonneau s’échine à décrocher son hameçon d’une branche en surplomb de la Charente. Il s’étonne de la question. « Ça ne me dérange pas du tout. » Même quand un animal se jette dans l’eau ? « Le poisson, il s’en va, je le pêcherai demain », philosophe ce taquineur de truites.
Une tolérance assumée à demi-mot
Émilie descend la passerelle sur un bras du fleuve, poussette et fiston de 3 ans dans les pattes. « On vient ici depuis trois ans et on n’a jamais eu de problème, assure la maman. On n’a pas de chien, donc on en voit ici, c’est cool en fait. »
Les habitués de l’île aux vaches connaissent néanmoins la règle : un chien doit toujours être tenu en laisse. « On n’a jamais vu de contrôle », tempère Aurélien Triger. Jean-Philippe Pousset, adjoint au maire délégué à la sécurité, confirme à demi-mot cette tolérance. « Il n’y a pas de raison de changer les règles. Le lieu se gère, ça se passe bien. » Lui-même a profité de cette liberté par le passé. Mais il prévient : « Si un jour il y a un accident, le maître sera tenu responsable car l’arrêté municipal s’applique partout. » Laëtitia Lepitre, elle, aimerait quand même une autorisation « officielle ». Marie-Lou Bovedes approuve : « On fait vivre le coin finalement. »
Aux origines d’un nom
Les bovidés ont déserté les lieux depuis longtemps. Reste de leur passage sur l’île un nom : « aux vaches ». « C’était un lieu de pâturage pendant des années », informe Florent Gaillard, directeur des archives municipales, sans pouvoir en préciser la période. Certaines mémoires avancent que les animaux destinés à l’abattoir de Montauzier (fermé en 1969) attendaient leur fin dans ce pré. « Mais rien ne l’atteste dans les écrits », nuance l’historien. Peu probable, même. L’équipement était « très grand et moderne à l’époque ».
Mais l’île aux vaches ne s’est pas toujours appelée ainsi. Jusqu’à son achat par la Ville en 1981, elle appartient à des particuliers et porte leur nom. Celui du seigneur Canteau, au XVIIIe siècle, Florence Cailh au début du XIXe. Dernière anecdote, l’île actuelle se compose en fait de deux îlots, unis par l’accumulation d’alluvions au fil des ans. L’île Saint-Jean a disparu, les vaches sont restées.
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