Henri et Maria Teresa de Luxembourg : rencontre dans leur paradis français de Bormes-les-Mimosas

Quelque part entre le cap Bénat et La Londe, un paradis en plein Var… Google Maps indique « Le Luxembourg ». Sur la grande bastide flotte le drapeau du petit pays. Sommes-nous encore en France ? « Oui, éclate de rire la grande-duchesse. À la faveur d’un incendie ravageur, nous avons découvert que les pompiers, la police et les voisins disent tous “On va au ­Luxembourg” quand ils viennent ici… En réalité, la propriété, soumise au droit foncier français, se situe au sein du hameau de Cabasson, dans la commune de Bormes-les-Mimosas. »
« Nous sommes donc des ­Borméens, et très fiers de l’être », acquiesce son mari, le grand-duc Henri de Luxembourg.

Tandis que son épouse circule en golfette, lui arpente, souvent pieds nus, les 33 hectares de cette propriété construite dans les années 1930 au bas des ruines d’une tour sarrasine et acquise par sa grand-mère, la grande-­duchesse Charlotte, en 1949.

Une embrasure avec vue sur la mer, mais Maria Teresa se concentre sur le site Internet de sa fondation.

Une embrasure avec vue sur la mer, mais Maria Teresa se concentre sur le site Internet de sa fondation. Paris Match / © Alvaro Canovas

« Ayant appris par celui qui fut longtemps notre voisin, le commandant Paul-Louis Weiler – grand industriel et héros des deux guerres –, que l’endroit était à vendre, ma grand-mère y dépêcha mon père et mon oncle un jour d’hiver. Tout était gris, et voici ce que mon père lui rapporta : “Propriété exceptionnelle, maison un peu lugubre, mais je vous conseille de la prendre.” Elle suivit son conseil, c’était une bonne affaire », raconte Henri de Luxembourg.

 Le général de Gaulle a demandé la permission à ma grand-mère par courrier de traverser notre propriété 

Henri de Luxembourg

Il n’avait pas 10 ans quand, du haut d’une colline, il vit se dessiner, un soir d’été 1964, la haute silhouette du général de Gaulle débarquant d’un hélicoptère au fort de ­Brégançon. « C’était très impressionnant, se souvient le grand-duc. Il n’y a passé qu’une nuit à l’occasion de l’anniversaire du débarquement en Provence, mais ensuite le fort, isolé et facile à protéger, est devenu la résidence estivale des présidents français. Comme il faut traverser notre propriété pour s’y rendre, la première fois, le général a demandé la permission à ma grand-mère par courrier. »

Depuis, ce droit de passage est concédé à ses successeurs, qui n’ont plus besoin de prévenir. « On sait que le président arrive quand on voit ou que l’on entend son cortège », indique Maria Teresa de Luxembourg. Le couple a vu passer François Hollande, mieux connu les Pompidou et les Chirac. Bernadette s’attardait parfois sur le sable fin de leur plage, plus agréable que la crique de galets de ­Brégançon.

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Le grand-duc avec le bouc de son troupeau qui arpente les 33 hectares du domaine : un débroussaillage aussi écolo qu’efficace.

Le grand-duc avec le bouc de son troupeau qui arpente les 33 hectares du domaine : un débroussaillage aussi écolo qu’efficace. © Alvaro Canovas

Avec les Macron, les Luxembourg partagent au moins un dîner par été où il n’est jamais question de politique. À part peut-être en cette année de Jeux olympiques, puisque Henri de Luxembourg, membre du CIO, n’en a rien manqué, tandis que son épouse faisait des allers-retours entre Paris et Toulon. Quand leurs enfants sont absents, il arrive qu’ils reçoivent des amis le temps d’un week-end.

Parmi leurs voisins : les Macron, Stéphane Bern et… José Bové

Haakon et Mette-Marit de Norvège ont séjourné là au temps de leurs fiançailles. La famille royale de Suède, qui possède une maison à Sainte-Maxime, leur rend visite tous les ans en bateau. Hussein de Jordanie et son frère ­Hassan furent des hôtes réguliers. Stéphane Bern passe en voisin depuis qu’il délaisse la Grèce pour le cap Nègre. Le maire de Bormes est reçu à déjeuner, et, plus surprenant, José Bové aussi, quand il séjourne à Porquerolles, l’île d’en face.

« C’est Yann Arthus-Bertrand qui nous a présentés, dit le grand-duc. Je voulais faire sa connaissance, car son père était luxembourgeois. Lors de notre première rencontre, nous avons passé deux ou trois heures à bavarder. C’est un homme profondément humain, et échanger des points de vue différents est toujours enrichissant. »

Avec leurs huit petits-enfants, le 16 août. De g. à dr. : Liam, 7 ans et demi, Victoire, 3 mois, dans les bras de Gabriel, 18 ans, François, 17 mois, Charles, 5 ans, Balthazar, 8 mois, Noah, 16 ans et demi, et Amalia, 10 ans

Avec leurs huit petits-enfants, le 16 août. De g. à dr. : Liam, 7 ans et demi, Victoire, 3 mois, dans les bras de Gabriel, 18 ans, François, 17 mois, Charles, 5 ans, Balthazar, 8 mois, Noah, 16 ans et demi, et Amalia, 10 ans © DR ​

Quand il n’a pas d’invités de marque, le grand-duc redevient ce prince aux pieds nus qui court entre les rochers sur les chemins de terre sablonneuse jalonnant d’immenses pinèdes. Il connaît la moindre tranchée creusée par les troupes nazies qui guettaient de là le débarquement allié. « Je ne crois pas avoir manqué un seul été ici depuis ma naissance, en 1955. Nous nous retrouvions avec mes parents, mes oncles et tantes, une ­vingtaine de cousins germains. Nous faisions des jeux de piste, des chasses au trésor… À l’époque, la végétation était très dense, il fallait se méfier des buissons d’épineux. Ma mère, qui nous encourageait à pratiquer le sport, avait demandé au commandant Weiler, champion de ski nautique, de nous initier. On faisait toute sorte d’acrobaties. »

 C’est un peu brutal pour mon dos, mais quand il y a du vent, on peut encore m’apercevoir sur un windsurf 

Henri de Luxembourg

Si certains de ses enfants pratiquent toujours, lui a renoncé : « C’est un peu brutal pour mon dos, mais quand il y a du vent, on peut encore m’apercevoir sur un windsurf. » Ou bien à bord d’un canoë ou de ce bateau à moteur avec lequel il emmène famille et amis jusqu’aux îles de Porquerolles et de ­Port-Cros. « Chaque année, nous ­faisons une expédition pour observer les baleines et les dauphins. À environ dix milles au-delà des îles, il y a cette grande faille, point de passage, début août, de la migration des mammifères. Ce spectacle ­extraordinaire est une bonne manière d’éduquer les enfants au ­respect de l’environnement. »

Sur leur maison, qui appartient à la famille depuis 1949, flotte le drapeau du Luxembourg.

Sur leur maison, qui appartient à la famille depuis 1949, flotte le drapeau du Luxembourg. Paris Match / © Alvaro Canovas

En vacances, le grand-duc se lève tôt. Il est souvent le premier à se jeter dans les eaux cristallines qui bordent la plage. Après sa baignade, il a pris l’habitude de ramasser le plastique échoué : « Il y en a tous les jours mais en quantité raisonnable. Le message passe, les gens font plus attention. Enfant, il nous arrivait de rentrer ­couverts du goudron déversé par les cuves des bateaux, aujourd’hui, cela n’existe plus. » Il veille en personne au débroussaillage, essentiel pour limiter la propagation des feux. Pour cela, il met à ­contribution un troupeau de chèvres. Il l’a racheté au père de son gardien, qui voulait s’en débarrasser, au lendemain du terrible incendie qui ­faillit ravager le domaine, en 2017.

 Il me semble opportun de passer la main 

Henri de Luxembourg

La propriété se transmet de grand-duc en grand-duc. Henri de Luxembourg en a hérité de son père, le grand-duc Jean, quand ce dernier a abdiqué. Un jour prochain, son fils aîné, Guillaume, se verra donc remettre les clés du paradis de Cabasson. Elles vont de pair avec la charge de régner. « J’avais le même âge que lui quand mon père m’a confié la lieutenance, en 1998, première étape avant l’abdication, qui eut lieu deux ans et demi plus tard », confie le grand-duc.

Le rituel matinal de la grande-duchesse : la baignade sur la plage de Cabasson.

Le rituel matinal de la grande-duchesse : la baignade sur la plage de Cabasson. Paris Match / © Alvaro Canovas

Revenant sur l’annonce à la surprise générale, lors de la fête nationale du Luxembourg en juin dernier, de sa volonté de renoncer, il s’explique : « Les seules personnes dans la confidence étaient nos enfants, et le Premier ministre, que nous avons prévenu quelques semaines avant. C’est une décision que nous avions prise avec mon épouse il y a déjà quelques années avant d’en parler ­rapidement à Guillaume. Il me semble opportun de passer la main : être chef d’État durant vingt-cinq ans suffit à la fois pour réaliser des choses et ne pas lasser.

En octobre, de façon tout à fait officielle, Guillaume endossera, comme moi autrefois, la fonction transitoire de ­lieutenant-représentant. C’est une période importante pour préparer la population. Elle permettra à Guillaume de se familiariser avec les obligations et les responsabilités de chef d’État qui lui incomberont après mon abdication. »

Le clan, avec les cinq enfants du couple grand-ducal. Debout, le grand-duc héritier Guillaume, 42 ans, et sa femme, Stéphanie. Assis, de g. à dr. : le prince Félix, 40 ans, et sa femme, Claire, la princesse Alexandra, 33 ans, et son mari, Nicolas Bagory, les princes Louis, 38 ans, et Sébastien, 32 ans.

Le clan, avec les cinq enfants du couple grand-ducal. Debout, le grand-duc héritier Guillaume, 42 ans, et sa femme, Stéphanie. Assis, de g. à dr. : le prince Félix, 40 ans, et sa femme, Claire, la princesse Alexandra, 33 ans, et son mari, Nicolas Bagory, les princes Louis, 38 ans, et Sébastien, 32 ans. © DR

Quid de ­Cabasson, alors ? « Je me souviens de mon père me demandant la permission d’y séjourner, se rappelle Henri de Luxembourg. C’était evidemment oui. Je suis certain que ce sera pareil avec notre fils et notre belle-fille, dont nous sommes très proches. » La propriété a toujours eu vocation à accueillir la famille élargie. « Ma grand-mère y avait fait construire plusieurs bungalows très simples pour ses enfants. On peut se retrouver à trente sans être les uns sur les autres. »

 Du temps de ma grand-mère, l’intérieur était plus rustique 

Henri de Luxembourg

Quand la tribu se rassemble, elle a ses rituels. « C’est la liberté totale, à condition d’arriver à l’heure pour les repas. Nous avons des endroits de retrouvailles, comme la plage, la table de ping-pong, le jeu d’échecs géant, où petits et grands s’amusent énormément », glisse Maria Teresa de Luxembourg.

Au fil des ans, la propriété s’est modifiée. Dans un ancien garage, la grande-duchesse a fait installer une chapelle. « J’ai aussi arrangé, dit-elle, un cabanon avec une vue magnifique sur la baie. Mon rêve était d’en faire un endroit où nous échapper quand la maison est pleine. Il y a juste une chambre, une salle de bain, une kitchenette. »

« Du temps de ma grand-mère, l’intérieur était plus rustique », remarque son époux. Son épouse a teinté de couleurs et de tissus ­fleuris les murs et l’âme de la ­maison. Quand le potager s’épuise, leurs altesses ne renâclent pas à aller au ­marché du Lavandou. Acteur de la vie locale, le couple ne ­raterait pour rien au monde la Nuit du livre de Bormes, qui se tient chaque année en août. Déchargés d’un certain nombre ­d’obligations, comment envisagent-ils l’avenir ?

 En espagnol, le mot retraite n’existe pas, on dit « jubilar ». Nous allons aussi jubiler ! 

Maria Teresa

« Cela va me permettre de mener une vie plus ­tranquille et de me préparer à la retraite, qui m’attend dans quelque temps, répond Henri de Luxembourg. Je vais ­m’investir dans ce qui me passionne : le CIO, les ­fondations que je soutiens, la cause ­environnementale… J’adore la musique, la lecture, et je ferai ­sûrement ­davantage de voyages. Je suis plein d’envies ! Quand mon père a décidé de se retirer, cela ne l’a pas ­empêché ­d’aller voir les choses qui ­l’intéressaient à travers le pays. Il le faisait avec sa voiture, je ­m’autoriserai peut-être à le faire à moto. »

Maria Teresa ­renchérit : « Nous continuerons à nous impliquer à travers notre ­fondation dédiée aux personnes en grande ­difficulté et mon association Stand Speak Rise Up, qui prend en charge les femmes victimes de viol comme arme de guerre. En espagnol, le mot retraite n’existe pas, on dit « jubilar ». Nous allons aussi jubiler ! »

Au soir d’une abdication dont le choix de la date ­n’appartient qu’à eux, Henri et Maria Teresa de ­Luxembourg ­quitteront le château de Colmar-Berg, résidence du chef de l’État, pour s’installer dans celui, plus petit mais aussi plus ­charmant, de Fischbach. « Mes beaux-parents y ont vécu après leur règne et nous respecterons cette ­tradition. Nous y avons de beaux souvenirs pour y avoir élevé nos enfants jusqu’à ce qu’Henri devienne grand-duc. Ce sera une jolie nouvelle page », promet la grande-­duchesse. Avec plus souvent pour horizon la discrète plage de ­Cabasson, qui se cache au pied de leur cabanon.

fondation-grand-ducale.lu.

standspeakriseup.lu.

Cette chronique est produite du mieux possible. Pour toute observation sur cet article concernant le sujet « Le paradis » merci d’utiliser les coordonnées indiquées sur notre site internet. Le site le-paradis.net a pour but de créer diverses publications sur le thème Le paradis éditées sur le net. Cet article parlant du thème « Le paradis » fut trié sur internet par les rédacteurs de le-paradis.net Très prochainement, nous présenterons d’autres informations pertinentes sur le sujet « Le paradis ». En conséquence, consultez de façon régulière notre site.

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