« Tu connais l’histoire de… » Pouvait pas résister, Roger. C’était pas toujours drôle, mais la dernière est nulle et n’a plus fait rire personne. À 75 ans, Roger Morio, commandant fonctionnel en retraite et grand pêcheur devant…
« Tu connais l’histoire de… » Pouvait pas résister, Roger. C’était pas toujours drôle, mais la dernière est nulle et n’a plus fait rire personne. À 75 ans, Roger Morio, commandant fonctionnel en retraite et grand pêcheur devant l’Éternel, a cassé sa pipe. La maladie a fini par avoir sa peau. Il s’est éteint samedi à l’hôpital.
Les truites sont tristes et les copains ne guincheront plus au son de la « boîte à punaises », l’accordéon pour lequel il s’était pris de passion à 40 ans. Roger est parti au paradis de la crim’, celle qui l’avait vu débuter à Bordeaux il y a bien longtemps.
Dans la Grande maison, il était l’un des derniers. Un dinosaure, presque. Un « flic à l’ancienne », qu’il disait. Efficace mais discret. Il était du genre à pas la ramener, mais il connaissait la chanson.
À Angoulême, il l’avait entonnée en 78, au commissariat de la rue Nesmond, l’ancien dispensaire des filles soumises… Inspecteur principal, divisionnaire, jusqu’au fauteuil de « taulier » à Cognac, commandant fonctionnel. Pour un natif du Faou, dans le Finistère, devenu flic un peu par hasard, Roger s’en est pas mal tiré. A touché à tout, bombardé d’entrée à la prestigieuse crim’ de Bordeaux. « C’était la récompense suprême », disait-il. C’était les affaires de meurtres, cinq années exaltantes. « J’adorais ce boulot-là, mais tu y laisses ta santé. »
Alors, à Angoulême, l’inspecteur noté « un des éléments les plus sûrs », qui lisait Desproges et citait San Antonio dans le texte, le « condé qui savait déceler la trace d’humanité chez les voyous, une roulée d’Ajja vissée au bec, s’est fait chef des mœurs, puis des stups, des mineurs, du groupe judiciaire, adjoint puis chef de la sûreté. Il s’y est bâti une carrière sur la confiance, le culot, la rigueur et la parole donnée. Il faisait « rarement de cadeaux ». Et certains vieux bistrots, sur le plateau, doivent se souvenir qu’il était leur bête noire.¶
Dans les bureaux enfumés du commissariat, Roger avait toujours une anecdote dans la manche. Il a connu tout ce que la ville a compté de petits voyous, de petites frappes ou d’assassins d’alcôves. Mais il s’était offert une retraite de cannes à pêche et de champignons. Faisait un peu l’huissier aux assises, pour ne pas totalement couper le cordon. Roger aimait les gens. Atypique et attachant.
Ses obsèques seront célébrées jeudi à 10h30 au crématorium des Trois Chênes.
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