Décembre 2020. La nouvelle production du Béatrice et Bénédict, d’Hector Berlioz, un opéra-comique en deux actes librement inspiré de la pièce shakespearienne Beaucoup de bruit pour rien, est annulée à l’Opéra national de Lyon pour cause de Covid-19. Un impondérable qui arrange sans doute les deux réfractaires au mariage que sont les héros berlioziens, cependant contraints, quatre saisons plus tard, à convoler, sous la régie du metteur en scène Damiano Michieletto. Hasard du calendrier, celui-ci est également le metteur en scène du Don Quichotte, de Jules Massenet, présenté jusqu’au 11 juin à l’Opéra national de Paris. Ne serait-ce que l’équipe scénique initiale et les forces musicales maison, le casting a été entièrement repensé, incluant cette fois les jeunes solistes du Lyon Opéra Studio.
Hector Berlioz confesse avoir composé ce dernier opéra, d’une verve toute rossinienne, pour se « reposer » des Troyens, immense fresque tragico-lyrique en cinq actes à laquelle il consacra des années. C’est pourtant d’un air digne de la reine de Carthage, Didon, qu’il a empanaché le rôle de Béatrice à l’acte II. La mezzo-soprano italienne Cecilia Molinari s’y révélera d’une audacieuse maîtrise, tant dans les coloratures crânement assumées que dans le modelé d’un phrasé ardent et léger, entièrement au service de la dramaturgie.
En face d’elle, le Bénédict sanguin de Robert Lewis, ténor à la voix puissante, dont la projection mériterait d’être davantage contenue, semble parfois s’empêtrer dans ses pulsions. Mais c’est la séduisante Héro de Giulia Scopelliti qui se révèle la plus attirante, dont le timbre clair mais rond épouse avec grâce et finesse les contours d’un rôle qui fait d’elle une amoureuse éperdue, non sans quelque sensible nostalgie. Ainsi, le magnifique duo nocturne « Nuit paisible et sereine » qu’accompagnent avec élégance le chaud mezzo et la justesse stylistique de Thandiswa Mpongwana (Ursule).
Bienfaits et inconvénients du mariage
Dans cette histoire qui tend à évaluer des bienfaits et inconvénients du mariage, Berlioz déploie les finesses d’une écriture faisant la part belle aux couleurs d’une orchestration contrastée − la guitare évoque à la fois la sérénade et le tropisme de la Sicile, où se déroule l’action −, une grande variété d’expression ainsi qu’une veine comique irrésistible, mettant en parallèle un couple normé, dont les noces sont le but de l’opéra, tandis que le second, « matrimoniophobe », oscille entre « guerre d’épigrammes » et « escarmouche d’esprit », avec des personnages trop farouchement opposés l’un à l’autre pour ne pas éveiller le soupçon de quelque attirance cachée.
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