C’est une tornade blanche qui s’est abattue sur l’Ircam (Institut de Recherche et de Coordination Acoustique/Musique). 3.Paradis y a installé des bancs recouverts de couettes rembourrées pour recevoir ses invité-e-s.
La marque fondée par Emeric Tchatchoua il y a un peu plus de 10 ans présente sa collection automne-hiver 2025-2026.
Des silhouettes homme et femme sur lesquelles se côtoient des T-shirts à l’effigie de l’acteur Bruce Lee, des broderies dragons juxtaposées aux colombes signature de 3.Paradis, les clins d’œil à la NBA et les manteaux constellés de neige.
L’influence de la mode japonaise sur le travail du créateur se lit dans les doudounes déconstruites et les volumes comme gonflés à l’hélium, tandis que la dernière silhouette du show est une robe de mariée d’un nouveau genre : un manteau en fausse fourrure pourvu d’une longue traîne, dont les poils immaculés semblent figés par le froid, prouesse technique rendue possible par Serge Haouzi, le directeur artistique de Teinture de France.
Décryptage en 5 questions à Emeric Tchatchoua.
Marie Claire : Parlez-nous de cette collection…
Emeric Tchatchoua : Il s’agit du tout premier défilé de 3.Paradis présenté au calendrier officiel de la Fashion Week. Même si j’ai toujours eu une mentalité d’outsider, à penser que même seul dans mon coin, je réussirais, c’est une vraie consécration d’y figurer.
La collection parle du temps qui s’arrête. Dans ma vie professionnelle, je travaille du petit matin à la tombée de la nuit. Et j’adore ça ! Mais à cause de ce rythme effréné, j’ai parfois du mal à réaliser que j’ai la chance de vivre de ma passion.
Depuis que j’ai commencé la marque, je motive mes ami-e-s et mes collaborateur-rice-s en leur répétant : « Let’s make the dream come true » [« transformons le rêve en réalité » en français, ndlr], Aujourd’hui, le rêve est réel. Je n’aurais jamais pensé, il y a dix ans, que je défilerais au calendrier officiel, que je serais vendu dans les magasins de mes rêves et tout simplement que je serais capable de créer quelque chose qui se concrétise en vrai.
Quand on parle de « Journey of dream » [« le voyage jusqu’au rêve » en français, phrase punaisée sur le moodboard de la collection, ndlr], on pense au rêve, qui change tout le temps, pas au trajet entrepris pour y arriver. Il faut que j’appuie sur pause pour contempler le chemin parcouru.
Quelles étaient vos inspirations pour la collection ?
Je voulais célébrer Montréal, ville où j’ai débuté 3.Paradis et où le rythme est très lent quand la vie est arrêtée par la neige. Le froid bloque tout et réduit les possibilités de mouvement. Je voulais retranscrire cette métaphore du temps qui se fige avec la neige et la contraster avec le confort de la maison, d’être chez soi, sous sa couette ou son édredon. Contempler la poudreuse avec une tasse de thé, ne rien faire. S’il fallait résumer la collection en trois mots, ce serait ceux-là : confort, sommeil et neige.
Comment les avez-vous retranscrits dans la collection ?
Avec des cols amovibles qui reprennent les pillow necks, ces coussins qui sont utilisés pour caler la nuque lors des voyages en train ou en avion. Avec des manteaux sur lesquels on dirait qu’il vient de neiger, des vestes de ski ceinturées, des bombers matelassés brodés de flocons de plus en plus petit, comme s’ils fondaient sur le tissu…
C’est aussi pendant ces longues heures passées à la maison que j’ai découvert Bruce Lee. J’ai donc créé des sacs à main trompe-l’œil qui reproduisent les boîtes de DVD des films dans lesquels il joue. J’ai également imaginé une veste en cuir jaune avec un dragon brodé, qui s’inspire de la combinaison que l’acteur porte dans le long-métrage Opération Dragon.
Avec qui avez-vous collaboré pour cette collection ?
J’ai travaillé avec la fondation Bruce Lee pour les sacs à main que j’évoquais précédemment. Mais aussi avec Dumas Paris, spécialiste haut de gamme du sommeil. Nous avons planché sur différentes pièces comme un manteau édredon, un sac oreiller avec la mention « Sleep is good for you » [« le sommeil est bon pour vous » en français, ndlr]. Toute la technique de rembourrage, les broderies sont celles que la marque utilise sur ses produits.
Avec J.M Weston, nous avons créé de nouvelles chaussures en cuir, des mocassins et des derbies immaculées, tandis qu’avec la NBA, j’ai dessiné une veste en cuir en hommage au tout dernier match de Michael Jordan, constellée de références à cet affrontement entre les Jazz de l’Utah et les Bulls de Chicago.
Toutes les images du défilé 3.Paradis automne-hiver 2025-2026.
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